dimanche 13 juillet 2014

L'été tropical de Glass Animals dans la jungle de Zaba.

Alors que Paris est plongé sous la grisaille, je vous emmène en voyage sous les tropiques. Après l'itinéraire Sauvage de Fakear que j'ai chroniqué sur Stereofox, je suis restée sur des sonorités expérimentales et inspirées par le Bengale.
Suis-moi, je t'emmène dans la Zabajaba Jungle de Glass Animals et son bestiaire qui ne vous laisseront pas de glace. 


Si au premier abord, Zaba m'a fait penser aux contrées lointaines et surannées d'Alt-J, il serait bien réducteur de mettre les deux groupes dans le même panier - surtout quand on voit un peu la direction que semble prendre Alt-J. Certes la voix de Dave Baley est presque aussi nasale et éthérée que celle de Joe Newman. Et on ne peut s'empêcher de rapprocher les sonorités des deux groupes : leur mélodies aériennes, et ces mélanges de beats doucereux & d'instruments organiques. Mais les univers sont bien distincts. Si pour An Awesome Wave, Alt-J avait été lorgné du côté cinématographique (Mathilda) et photographique (Taro), Glass Animals prends son inspiration des contes enfantins. 
En réalité, le voyage musicale suit les traces du livre pour enfant qui a donné son nom à l'album : Zabajaba Jungle de l'américain William Steig. Ce livre a bercé l'enfance du chanteur, Dave, et c'est donc tout naturellement que celui-ci s'en est largement inspiré pour écrire et composer le premier album de Glass Animals. 

L'album s'ouvre sur Flip et ses rythmiques hindies qu'on dirait tout droit sorties du Gange. A la poursuite d'un tigre du Bengale, le morceau gagne en puissance jusqu'à l'implosion, à l'image des chaînes que l'on brise pour se lancer à sa poursuite. Black Mambo nous plonge dans ses notes hypnotiques, à travers lesquelles se dégage la voix de Dave qui nous apaise. Il semble que la musique de Glass Animals soit tout aussi entêtante que le venin du serpent africain... "We can hold you" nous susurre inlassablement Dave qui nous retient dans cette jungle tropicale. Livrés à nous-mêmes dans ce monde d'exotisme, Pools nous emmène valser sur ses afro-beats. "I'm a man of tricks and tools and joy" nous déclare Dave, histoire de nous prévenir qu'on le veuille ou non, il nous a à sa merci pour déverser sa pop chatoyante. A pas feutrés, arrive le contagieux Gooey, reconnaissable par sa batterie électronique et cette sonorité aquatique particulière qui nous englue dans la circularité du morceau. Tel une mouche prise au piège, l'ouïe est happée dans ces loops mielleux, et ne peut plus s'en défaire. Une fois dépêtré de cette forêt sans fin, Walla Walla nous entraîne en plein cœur d'une cérémonie Taj Mahal-esque. Le faste et les danses traditionnelles sont au rendez-vous. Le "Take my hand" final sur fond d'explosions sonores nous entraîne dans un joyeux bazar comme on en voit au détour d'une célébration de Holi. 


Instruxx sert d'intermède et calme le jeu alors que la nuit tombe sur le palais. Mais le pays des rêves est mouvementé, à l'image de l'instrumental. Ecoute, écoute... Et laisse toi aller dans le brouillard d'un Hazey évolutif. On y retrouve la batterie planante de Gooey dans un univers plus onirique. La progression du titre nous entraîne sur des chemins de traverse où le risque est bien de perdre la tête. Toes arrive sur la pointe des pieds, discrètement, sans faire trop bruit. La basse est omniprésente. La basse, c'est ton corps qui avance à tâtons vers l'inconnu, guidé par cette force supérieure qui t'ordonne d'aller vers les dunes endormies. 
Wyrd est sans doute le morceau le plus trippant. L'atmosphère y est plus lourde, comme si la réalité nous rattrapait et voulait nous happer. Vite, comme le campagnol dont il est question, il nous faut nous réfugier, échapper à tout danger. 
Cocoa Hooves a des airs de Spanish Sahara dans ces premiers accords. Sauf qu'on ne trouve pas encore de chèvre aux sabots en chocolat dans le Sahara... Si tout semble possible dans l'imaginaire de Zaba, je doute d'apercevoir cette chèvre ailleurs que dans mon esprit malade. "Why don't you dance like you're sick in your mind?" 
Jdnt intervient comme un lueur dans la pénombre de cette seconde partie de disque. Sous ses faux-airs de Radiohead, le titre de clôture s'étire de tout son long, en douceur, comme pour mieux nous retenir dans cette univers animal.

"Play with me and pass the ball. 
Take my hand and let us fall." 



Il est ainsi tant de grandir un peu et de laisser de côté notre imaginaire d'enfant... Au moins jusqu'à la prochaine écoute de Glass Animals. 


jeudi 26 juin 2014

Mercredi, c'est ravioli. Jeudi, c'est débrief d'expos.

Dans la catégorie [expositions], pas mal de bonnes choses sont programmées à Paris en ce moment. De quoi trouver refuge au cas où le soleil déciderait de prendre des vacances...  

Hier je suis allée redécouvrir le Quai Branly, et j'ai glissé Marie dans mes valises. Toutes les deux, nous avons pris d'assaut les jardins tropicaux en fin d'après-midi. Puis au détour de notre ballade, on s'est aventuré à monter la cascade lumineuse. Au bout du chemin, on a arpenté les collections permanentes  plongées dans la pénombre. On a poussé le voyage jusqu'à la Mezzanine pour découvrir les secrets de l'art du tatouage. De la préhistoire à nos jours, l'itinérance se fait dans le temps et dans le monde. Des dessins aux techniques, l'aventure est fascinante, piquante et frémissante. Entre traditions et ornements, freak shows et rites de passage, le Quai Branly fait le point sur le Tatouage sous un angle anthropologique et historique. De quoi faire réfléchir sur le sens du geste, les motifs, et les motivations de chacun. On se perd dans les dédales de la mezzanine jusqu'à en oublier toute notion de temps, emportées entre imaginaires folkloriques japonais et rétrospective moderne.  

                     

Mais il est déjà temps de reprendre le métro bondée, direction Gaîté. Cette fois-ci, Marie a déserté, mais Eloïse & Flore m'accompagnent dans cette rétrospective Emmet Gowin à la Fondation Cartier-Bresson. On manque de peu l'impasse où se situe la Fondation, pourtant l'immense loft vaut le détour. Son escalier en colimaçon m'évoque un phare au sommet du quel gît une immense verrière où sont exposés quelques clichés d'Henri Cartier-Bresson. Mais revenons donc vers Emmet Gowin, qui occupe les deux étages de la Fondation. Le premier est réservé à son oeuvre familial. Dans cette série, il met en lumière sa femme et muse Edith, et l'influence de sa belle-famille dans sa vision. Les clichés sont d'une simplicité étonnante, certaines ont même l'aspect d'"accidents heureux". Le second étage s'attarde sur ses voyages et photographies aériennes. La série "Edith in Panama" intrigue par sa technique, tant sur le plan de la composition que du tirage. Les séries aériennes attirent l’œil pour les illusions d'optiques qu'elles suggèrent. On retiendra également les magnifiques clichés de Jordanie, commandée par la reine. 





lundi 9 juin 2014

[Retour sur la petite blague du weekend] SBTRKT - Temporary View

Vendredi soir, à l'heure de sortie de bureau, SBTRKT lâche Temporary View, en featuring avec Sampha. 

  
Excitation à l'orée du week-end devant ce qui est annoncé comme le deuxième extrait de son futur album (dont la date reste inconnue). Oui mais voilà, si le morceau est très bon, qu'il m'a fait dansé sur ma chaise dès la première écoute et a ambiancé ma soirée de samedi soir, je suis déçue. Pourquoi ? Tout simplement, parce que Temporary View, c'est du réchauffé sorti au bon moment pour rappeler que SBTRKT enchaîne les lives en festivals en ce moment.
Quelques mois auparavant, l'artiste avait sorti l'EP Transititions accompagné de son site psyché. Comme son nom l'indique, l'EP aux morceaux totalement instrumentaux en décalage avec son premier album éponyme, constitue la transition parfaite d'un album à un autre. Il en avait dérouté plus d'uns et on se demandait dans quelle direction allait se tourner la deuxième galette.
Temporary View semble apporter plus de précisions, en rassurer certains aussi. SBTRKT renoue avec les paroles et surtout la voix de Sampha. Il revient aux sonorités tribales et hypnotisantes, bref il ne ressemble en rien à Transitions. Si ce n'est peut-être à un morceau... Resolute, qui figure sur le-dit EP. 

Finalement, la petite blague du week-end, c'est qu'Aaron Jerome s'est bien joué de nous... Et qu'on est tous tombé dans le panneau. Point de nouveau morceau à l'horizon, juste une instru reprise, des paroles posées et l'illusion est faite : une nouvelle track qui affole la blogsphère par son génie.

Le génie de SBTRKT, c'est surtout de savoir faire parler de lui au bon moment. 

lundi 26 mai 2014

Les Contes de la Vallée te narre l'Histoire d'un Poète

Une fois n'est pas coutume, le Miroir sort de son cadre pour réfléchir à d'autres horizons. Viens par ici, je t'amène dans la douce Vallée de Chevreuse qui s’égaille durant le Festival Mai en Scène. 



Passer les chemins de traverse et le périple au bout RER B ne fut pas chose aisée quand la compagnie a désertée, mais Les Contes de la Vallée se méritent. Une fois arrivée à l'Espace Racine, la tragédie est évitée : pour une fois le Destin est en notre faveur, le RER B est arrivé à l'heure. 

La soirée met à l'honneur le spectacle vivant et les créations d'Emilia Santucci. Au programme une première pièce de théâtre met en scène Les Jeunes Pousses dans Cinq Sœurs. Sur fond de Pink Floyd, les filles nous entraînent dans ce qu'il semble être un pensionnat pour orphelines. La pièce en huit clos est rythmée des mystères entourant la pension. Entre disparitions inquiétantes, transformation en rat de bibliothèque et Martiens : ce soir tout peut arriver. 

D'un pensionnat déserté à une troupe de claquettes, il n'y a qu'un pas et celui-ci est frénétique. L'Electronic Dance Music se réchauffe aux claquements cadencés des pas sur le parquet de la scène. Après tant d'énergie, une pause s'impose. 
ENTRACTE. 

L'entracte laisse place à l'Histoire d'un Poète. Plongée dans un noir obscur la pièce se révèle. Les tableaux se succèdent et s'illuminent d'une lumière froide... jusqu'à l'arrivée du Soleil, qui luit comme l'étincelle au bout du Tunnel. Entre tension dramatique et éléments plus légers, l'histoire se construit sans fausse note. Les émotions sont au rendez-vous, portées par l'interprétation des comédiens, les épisodes de chants acapella et les très belles envolées de danse contemporaine. L'accompagnement musical participe à l'atmosphère vaporeux des Muses et nous plonge dans les abysses de l'âme torturée d'un poète parfois désabusé. 
La beauté de la pièce réside sûrement dans l'infinité de ses interprétations. J'ai vue celle-ci comme une réflexion meta-textuelle sur l'inspiration de tout artiste, où chaque personnage représente une part de la personnalité de tout un chacun. Tous sont donc liées, et il faut alors trouver le juste équilibre entre tous ces éléments. 
Entre Destruction et Création, la Fatalité ne semble jamais vraiment liée. 

mercredi 21 mai 2014

[Morceau Choisi] Sia, Chandelier, 2014

Récemment mes oreilles se sont portées sur le dernier single de Sia, Chandelier qui préfigure la sortie de son album début juin. 


Sia signe donc son grand retour, après s'être faite remarquer sur la scène mainstream à coup de featuring avec David Guetta et Flo Rida. Mais la chanteuse australienne de 38 ans n'en est pas à son coup d'essais puisque 1000 Forms of Fear est déjà son 6e album. 
Ce qui m'a interpellée à l'écoute de Chandelier, c'est la ressemblance avec Diamonds, titre de Rihanna. La ressemblance est particulièrement parlante sur le premier couplet : Rythme chaloupé, phrasé saccadé, voix chaude allant crescendo. J'avoue avoir été déroutée, moi qui est connue Sia à travers ses albums Color the Small One et Some People Have Real Problems, plus pop-folk que Chandelier donc. Musicalement, on est loin du célèbre Breathe Me essoufflé mais poignant, quoique les paroles de Chandelier restent dans la lignée quelque peu torturée. 

Mais pourquoi se tourner vers des sonorités rihannesques alors ? 

A piori Sia et Rihanna ne jouent pas dans la même cours. L'une est une artiste discrète et complète : auteure, compositrice et interprète; l'autre est interprète, et adepte des tabloids. Ce qui les rapproche finalement, c'est bel et bien le titre Diamonds, composé et écrit par... Sia. J'ai presque envie de dire que tout s'explique. 

Chandelier, outre ces quelques similitudes, est un morceau pop plutôt efficace porté par le timbre brisé mais puissant de Sia. La mélodie reste bien en tête, et le clip donne des envies d'envolées contemporaines, mises en valeur par la jeune danseuse Maddie Ziegler. (Personnellement, je trouve le clip assez dérangeant, mais passons...)  

vendredi 16 mai 2014

[Morceau Choisi] Jones & Stephenson, The First Rebirth, 1993

A la demande d'Eloïse, on s'attaque à un classique de la Techno Hardcore : The First Rebirth de Jones & Stephenson.


Si le duo belge est peu prolifique, 4 singles en 20 ans - autant dire que les deux producteurs aiment se faire désirer, The First Rebirth n'en est pas moins considéré comme un classique de la Trance musique. Et pour cause, pendant l'écoute on finit bel et bien en transe. The First Rebirth, comme son nom l'indique, guide l'auditeur dans une état second. Porté par ses oreilles, l'auditeur renaît dans un monde parallèle porté par des samples galactiques et des basses persistantes. En l'espace de 6 minutes, Franky Jones et Alex Stephenson nous guident dans un délire psychédélique qui va crescendo jusqu'à l'extase. Le morceau commence en douceur, le temps d'amadouer les sens, puis peu à peu les basses s'imposent et explosent. Le rythme est frénétique, la cadence folle. Puis viens sonner le drum roll et l'ensemble se calme un peu. Mais attention, ça n'est que pour mieux reprendre notre souffle avant de repartir en trombe dans les profondeurs de la nuit. Le rêve (ou la rave ?) ne fait que commencer, et mieux vaut être endurant... L'auditeur est emporté dans un trip infini qui s'entremêle aux loops du morceau. 
Les plus récalcitrants ne ressortiront pas indemne du bad trip
Les autres... ? Et bien 20 ans après, ils n'ont pas l'air complètement rétablis. Pour preuve l'incalculable nombre de remix, dont l'un signé Modeselektor, que les berlinois ont sorti en 2007. 


The First Rebirth me rappelle un peu ces hallucinations auditives, censées procurer les mêmes effets que la drogue, qu'on se faisait tourner au collège. Pour la #MinuteCulture, c'est basé sur le principe du battement binaural, découvert en 1839 par Heinrich Wilhelm Dove : un son, composé de deux fréquences légèrement différente et diffusé en stéréo, piège le cerveau. 

En bref, c'est séduisant, envoûtant et quelque peu addictif. 

Et comme le Plat Pays regorge d'artistes stupéfiants, je finirai sur un morceau de The Subs auto-proclamés Pope of Dope :  

Ps. Pour la Fête des Mères, comme le dis si bien Jeroen "Vole 20€ à ta mère...
PPS. Si tu aimes The Subs, va donc faire un tour au Social Club le 24 mai. 



samedi 10 mai 2014

Lykke Li - I Never Learn



I Never Learn est à l'image de la troublante suédoise Lykke Li. L'album oscille entre atmosphères pesantes, paroles dépressives à tendance auto-destructrice et envolées solaires mais froides sur fond de ballades power pop. C'est un album post-rupture à écouter lors d'une retraite en Scandinavie, couché sur la neige à regarder les aurores boréales. Un album d'introspection entre acceptation de soi, et acceptation par l'autre. L'album est construit au rythme des pérégrinations de l'âme, et les morceaux se font échos. L'autre  y est présent tout du long, comme ce fantôme qui hante l'existence de tout un chacun et  entrave sa remise en question.  Il représente l'immuabilité de la nature humaine, l'espoir, et la fatalité.


Entre espoirs déchus et destiné, il semble bien que Lykke Li restera toujours fidèle à son esthétique noire mais lumineuse tel un Soleil de Minuit suédois. 



dimanche 4 mai 2014

If You're Lonely Press PLAY, et laisse Damon Albarn te guider à travers Everyday Robots.


Everyday Robots nous transporte instantanément dans l'univers mélancoliquo-futuriste de Damon Albarn. Les premières notes ont sonné et le voyage est amorcé. Nous voilà donc plongés corps et âmes dans une ville déshumanisée et fantasmagorique. Les hommes ont été remplacés par des humanoïdes sensibles. Tel Alvar Nuñez Cabeza de Vaca, nous sommes coincés entre un passé pesant et un futur froid. "They didn't know where they was going but they knew where they was, wasn't it?" Nous ne sommes pas perdu. Au loin la voix de Damon Albarn nous guide comme un charmeur de serpent dans cette atmosphère désolée. Les notes d'un violon nous guide vers un chemin lancinant menant à Hostiles. Tout est silencieux, il semble qu'on ne soit plus que deux dans cet endroit austère mais lumineux. Et cette présence est rassurante, quoique quelque peu étouffante... La communication est presque coupée, elle passe mal. On n'est plus sur la même longueur d'ondes, les réglages sont à parfaire... 

[PRESS ]  


"When I'm lonely I press play. Can I get a little closer ?" Sur ces notes, l'arythmie est lancée mais tout va s'arranger. La basse se veut plus rassurante, le chant plus affirmé. La mer s'est calmée mais les irrégularités demeurent. Le bateau est lancé vers d'autres horizons, pourquoi pas les côtes Tanzaniennes ?  Nous y voilà Injili, voilà la comptine ukulélélesque de Mr. Tembo. Tout va mieux maintenant, les chœurs nous rassurent.  Mr. Tembo, l'éléphanteau orphelin a retrouvé le sourire, et nous l'optimisme. Parakeet parachève notre évasion à sauts de mouton. 

Retour au pays, le soleil de la Tanzanie est bien loin. Nous voilà assis au bar d'un hôtel au charme suranné, à siroter un Hemingway Spécial. Le pianiste nous livre ses envolées jazzy et nous guide, doucement mais sûrement, vers la maturité. Damon nous livre ses anciens démons, et nous confie ses craintes nappées dans un rhum cubain et une contre-basse chaleureuse. 
"I had a dream you were leaving, where every atom in the universes is passing through our lives."
Moko Jumbi nous a rejoint au bar, mais l'heure n'est pas à la fête. La mélancolie a pris le dessus. Comment en est-on arrivé là ? Toi qui irradie, et moi qui me renferme... "The twilight comes", la lune danse, éclaire tout sur son passage et "all goes round again". On ne sait pas comment tout ça finira, mais c'est apaisant. 

Hollow Ponds nous fait revenir en arrière. Londres, 1976, Souviens-toi la vague de chaleur.  Souviens toi l'été 1979 près de la Mer Noire. Souviens-toi comme tout s'est accélérée en 1991. 1993... "Modern Life was sprayed onto a wall."
Damon nous transporte dans son passé, et les étapes-clé de sa vie qui ont fait de lui cet artiste accompli. On ne pourra réprimer un sourire nostalgique à la référence faite à Blur



Seven High n'est pas le 7e ciel mais on en prend le chemin. Arrivés au Nirvana, autant prendre des photos. Mais attention : "This is a precious opportunity, beware of the photograph you are taking now." Immortaliser l'instant ce fait avec parcimonie, c'est tout un art. Sur l'autel, une photo de John Coltrane a remplacé les icônes. On imagine alors aisément que Damon Albarn conçoit sa musique à l'image de l'illustre jazzman : comme une quête spirituelle. On mêle donc photographie et composition musicale. Tout est question d'agencement, de réflexion. Du méta-textuel au métaphysique, il n'y a qu'un pas que franchit Photographs You Are Taking Now.  



The History of a Cheating Heart apparaît comme un morceau-rédemption. Le morceau se détache de l'album par sa simplicité, une guitare-voix fera l'affaire. On rajoutera des cordes pour la forme et le côté lyrique. Ici, il est question de se livrer de la manière la plus authentique possible. Les instruments  organiques l'importent alors sur les beats vaporeux et mécaniques. L'introduction d'Heavy Seas of Love concorde à cette atmosphère brillante et victorieuse. Ça sonne comme une prière énoncée par le chaman Brian Eno, qui viendrait réveiller l'âme perdue de l'humanoïde à coup d'un sample de réveil digital. Les chœurs s'agencent à la manière d'un gospel qui nous guiderait vers l'humanité. Le morceau se clôt sur le sample quasi-inaudible et déconstruit de Lord Buckley, utilisé à l'ouverture d'Everyday Robots. 

"They didn't know where they was going but they knew where they was, wasn't it?" 

La boucle est donc bouclée. Avec cet album magnifiquement produit et orchestré, Albarn nous a non seulement fait voyager, mais il nous aura donné une bonne leçon : La musique n'est rien si elle n'est pas pensée intelligemment. Les beats, c'est très beau, mais ça peut être très froid. On est peut-être des robots ordinaires, mais il ne tient qu'à nous de devenir des êtres extraordinaires. 

mardi 22 avril 2014

Easter Miracle: Breton + TRAAMS @ File 7

"La beauté sera convulsive ou ne sera pas."


Voilà comment André Breton définit le beau. D'un surréaliste à d'autres, Breton - le groupe anglais nommé après ce cher André - nous a fait convulser en ce Dimanche de Pâques. C'était beau à en ressusciter Jésus, et chaud à en réveiller nos âmes de pécheurs meurtris par le quotidien morose.
"Mais qu'est-ce que vous faites là !?" Nous demande Roman Rappak, leader de Breton, dans un français quasi parfait. Une chose est sûre, si certains sont venus par curiosité, nous, on n'est pas là par hasard.  
20 avril, File 7, petit salle qui vient dynamiser les nuits calmes du Val d'Europe. Cette salle et cette date, on l'a choisit à bon escient. Et pour cause, nous voilà littéralement aux pieds du groupe (chaussé de Air Max et de Rebook, pour vous dire).



La proximité, c'est aussi ce qui fait tout le charme de la première partie, et des anglais de TRAAMS, chargés de la lourde tache de chauffer une salle encore peu remplie à 18h30. Leur rock noisy, tout droit sorti du garage (des Beach Boys - un des groupes phares de Leigh, le bassiste - mais la comparaison s'arrête là) fait remuer quelques têtes encore timides. Les sonorités se rapprochent plus des Stooges, des années 70 bien sales et bercées au kraukrock. Peu à peu la chaleur monte et explose lors d'un solo de basse rondement mené. La salle n'est pas tout à fait ferrée, mais curieuse elle l'est. TRAAMS, signé sur Fat Cat Records, est donc un groupe à suivre. 


Place à une ex-recrue de Fat Cat : Breton qui ouvre sur Got Well Soon. Eh bien les bases sont posées "Either you're out or you're in, but you're on!". Une chose est sûre... personne n'est sorti. Allez savoir pourquoi ?! L'énergie de Roman sûrement... ou alors l'efficacité des beats lancés par Ian, la rythmique d'Adam (qui même lorsque la peau de sa batterie a lâché, n'a pas démérité). Les visuels synchronisés par Ryan y sont sans doute pour beaucoup. La beauté, disait Breton... Personnellement, je pense que les déhanchés de Daniel exercent leur part de charme. Pas de sweat BISOU cette fois, mais au File 7 Breton se sent plus à la maison qu'au Zénith. "On préfère les petites salles." nous dit Roman pour nous mettre à l'aise. A l'aise, on l'est si bien que la chaleur augmente aussi vite que les décibels. Explosion sur Envy qui met même les initiés au diapason: "You're a tourist, there's nothing wrong with that". Enchaînement sur ce que j'appelle "le combo parfait" soit Search Party, National Grid & Jostle, sur lequel les plus fans annoncent le beat avant même qu'Adam n'est pu lancer sa cow bell ou que Dan n'est pu appuyer sur les touches de son synthé. Les instruments tournent sur la scène entre les multi-instrumentalistes, et la fosse se remue. 
"Shout out to the people dancing over there! Et ceux qui connaissent toutes les paroles !"


La soirée se calme sur 15 Minutes, annoncée comme la dernière chanson du set. S4 pourrait aisément illustré ce qu'on a tous pensé à l'approche imminente de la fin de ce concert : "How will I drag myself out of here?". La vérité c'est qu'on n'en avait pas l'envy, et visiblement le groupe non plus. Après le traditionnel December de clôture, le groupe nous réserve un petit instrumental surprise, pour faire durer le plaisir... 

Le reste de cette soirée surréaliste appartient à la nuit. Une seule certitude : cette nuit a été belle et convulsive,  mais surtout pleine de surprises.  




Rendez-vous le 25 novembre au Casino de Paris...   


mardi 15 avril 2014

Spike Jones, Her.

Hier, je ne suis pas tombée amoureuse de mon OS, mais d'un film. 

(De toute façon, je tourne sur Blackberry et je crains que notre relation touche à sa fin...) 



Voilà un moment que je voulais voir HER de Spike Jones, la bande-annonce m'avait faite saliver, et puis bon Arcade Fire pour sublimer de bien belles images, ça ne se refuse pas. 
Le pitch ? Theodore Twombly, que sa récente rupture a rendu solitaire, installe un nouvel OS hyper intelligent et sensible. Theodore apprend peu à peu à connaître Samantha via de longues conversations avec son smartphone/ordinateur, et fini par en tomber amoureux. 

I know a woman in this office who is dating an OS, and the weird part is, it’s not even hers. She pursued somebody else’s OS!” 

- Amy


L'action se déroule dans un futur proche, et le peu d'effets spéciaux utilisés - pour un film d'anticipation - rend le tout très réaliste et facilement projetable. Les dialogues sont drôles, les situations un peu cocasses, et les personnages attachants et identifiables. Qui ne s'est jamais senti un peu handicapé socialement ? 
Dans ce Los Angeles du futur - mais pas trop, l'interaction sociale a fait place à de vives discussions lancées avec son OS. Les individus se croisent mais ne se parlent pas, trop occupés qu'ils sont à échanger avec un ordinateur. C'est d'autant plus déroutant, que finalement on est pas loin de la réalité : hyper-connexion, drague via Tinder, et #plaisir. Spike Jones réussit donc à dénoncer ce danger, sans tomber dans le film moralisateur. Ici, Samantha apparaît comme pleine de vie, optimiste, et drôle. Elle remplace l'ex-femme peu sûre d'elle, à l'humeur changeante, et surtout elle ouvre les yeux à Theodore. Leur relation amoureuse nous guide vers un chemin d'acceptation de l'autre - avec ou sans corps - où son esprit prime sur son apparence. Et finalement, c'est fou comme une voix, en l'occurrence celle de Scarlett Johansson, peut transmettre comme émotion. On dit souvent que les yeux sont le miroir de l'âme, mais pour le coup c'est discutable. Outre la voix, la musique permet elle aussi de transmettre une foule d'impressions, de capturer un instant. Et c'est bien là tout l'intérêt que la bande-son prend dans cette relation intime, où les photos sont remplacées par des morceaux composés par Samantha. 


Pour The Moon Song, j'avoue avoir préférée la version interprétée par Karen O et Erza Koenig, sûrement parce que je trouve la voix de Scarlett Johansson un peu faiblarde et je m'attendais à mieux de la part de l'interprète de I Don't Know What to Do. Si The Moon Song ne m'avait pas tellement convaincue à sa sortie, le morceau prend vraiment tout son sens dans le film. Evidemment, je ne peux pas parler OST en faisant l'impasse sur les compositions d'Arcade Fire. C'est beau, c'es doux, et ça capture merveilleusement bien toutes les sensations des protagonistes pour mieux nous les retransmettre. Je pense que sans la musique, l'identification aux personnages n'aurait pas été aussi complète. 
Finalement, on n'est pas seulement spectateur. Non, on a l'impression de vivre ces relations avec eux : de voir grandir et évoluer nos aprioris, nos pensées, et nos sentiments avec eux. 




mardi 8 avril 2014

WCAGA : Concert Sauvage des Klaxons

Lundi 7 avril, 14h : une queue se dessine à l'entrée des Chaudronneries de Montreuil. 

[Flash-Back] 

Dimanche soir, rentrée d'un tournage de court-métrage, je checke mécaniquement la newsfeed facebook jusqu'à ce post insignifiant perdu dans ma timeline: "Participez à l'enregistrement du concert sauvage des Klaxons, demain après-midi". Soit, qu'a-t-on de plus intéressant à faire un lundi après-midi de toute façon ? Un cours de Thème Anglais-Français ? De toute façon j'avais pas encore fait ma traduction... Un cours plus que rébarbatif de Compréhension. Vraiment rien de bien fondamental. C'est donc assez impulsivement que je m'y suis inscrite, en embarquant Margaux et Marie dans l'affaire. Vous avez dit sérieux ? 

[Lundi, 15h, Chaudronnerie de Montreuil] 




Finalement, après une petite heure de queue devant le hangar, on entre tranquillement dans l'antre industrielle. Un lieu un peu surréaliste pour une vingtaine de personnes : pas de scène, juste des instruments posés nonchalamment. On se croirait presque à la maison, en somme. 

Le staff nous prévient qu'on aura droit à 35min de live, et qu'une seconde prise aura lieu. Sur ce, le groupe arrive, jovial, et vêtu de pièces lamées à souhait. Ambiance New Wave. Ouverture sur un premier morceau inédit. Voilà c'est posé, aujourd'hui ce sera découverte de Love Frequency, troisième album du groupe à paraître le 6 juin 2014. Parmi les nouveaux morceaux, deux petits classiques se sont glissés dans la setlist: Golden Skans et Echoes, de quoi réveiller un public restreint mais ravi. 
Joie & Bonne humeur seraient les maîtres mots pour décrire cette après-midi musicale imprévue. 


Le LP de 11 titres s'annonce très prometteur, dansant et entêtant à l'image du single There Is No Other Time. Parmi les morceaux joués, on a pu reconnaître Children of the Sun, écoutable sur le soundcloud du groupe. Le morceau est produit par Tom Rowlands, moitié des Chemicals Brothers, d'où cette sonorité acid house électro-planante.  L'album a de bonne chance de se classer dans ma bande-son de l'été et dans mon top 2014, trusté jusqu'ici par War Room Stories de Breton.
Côté live, rien à redire : une gestion du son impeccable malgré la configuration du hangar, pourtant favorable aux échos (That awkard moment quand tu racontes une blague à ta pote au moment où la musique s'estompe...). Un groupe électrisant, grisant et touchant quand il s'agit de recommencer un nouveau morceau pas encore maîtrisé (à cause d'une mèche rebelle, nous confiera James Righton, chanteur et synthétiseur). 
Côté organisation, je vous laisse découvrir What Comes Around... Comes Around.... Deux réalisatrices qui souhaitent décloisonner les concerts pour que la musique puisse (enfin) primer. 


Bref, je ne sais pas vous, mais moi je m'en vais ressortir la jupe lamée, les collant fluo, et danser toute la nuit sur du Klaxons. 

jeudi 13 mars 2014

Let's March Down to a Month full of Gigs [Part 2] : Fall Out Boy + The Pretty Reckless @ Zénith de Paris

La semaine dernière Margaux m'a surprise en m'offrant une place pour assister au concert de Fall Out Boy au Zénith. Fall Out Boy ou un des groupes phare de mon adolescence, qui m'a portée du collège au lycée. Dois-je vraiment vous préciser mon admiration pour le groupe alors même que le nom de mon blog est inspiré - entre autre - du label de Pete Wentz, bassiste des FOB et CEO de Decaydance Records

Je dois pourtant avouer que je n'avais jamais vraiment prêter attention à l'album Save Rock and Roll, avant cette semaine. Même si je me rappelle encore avoir été toute excitée à l'annonce de la fin de leur hiatus, il y a deux ans. Mais voilà, le premier clip My Songs Know What You Did in the Dark (Light'em up) avec une apparition de 2 Chainz m'avait un peu rebutée. J'avais trouvé le morceau entraînant, mais j'avais regretté l'orientation plus mainstream (ouais ça fait un peu discours de hipster dis comme ça, mais appelons un chat un chat). La tracklist de l'album alignant les featurings avec Big Sean, Courtney Love, Elton John et Foxes (dans la même veine que le premier single) n'avait pas réussi à m'attirer davantage. 
Néanmoins, j'avais vraiment hâte de voir le groupe sur scène et je me suis donc jetée oreilles perdues dans Save Rock and Roll, histoire de rattraper mon retard. Et finalement, on ne change pas une équipe qui gagne ! Un album qui bouge à vous en faire headbanger dans le métro, des chansons entraînantes et entêtantes - Young Volcanoes pour ne citer qu'elle. Si le concept album a été abandonné, on retrouve un même fil conducteur - marque de Fall Out Boy - dans leurs clips qui mettent en scène les quatre musiciens dans des situations rocambolesques, chaque morceau apportant la pièce à l'édifice de leur court-métrage.  

Je suis partie au Zénith vêtue de mon plus beau T-shirt Clandestine Industries, l'ancienne marque de Pete Wentz, devenue un peu collector depuis que la production a cessé. Et, je ne suis pas peu fière d'annoncer que du coup, j'étais carrément assortie à la basse de Pete. Je suis arrivée un peu les mains dans les poches, en me disant que de toute façon, Margaux faisant déjà la queue, une bonne place en fosse nous attendait. On s'attendait toutes les deux, à ce que le public du groupe est grandi avec lui, qu'il y aurait donc moins de nanas en pleine crise hormonale qu'au concert de Bastille. Que nenni ! Je ne sais pas si c'est l'effet de taille de la salle, mais la proportion avait l'air plus accrue. Finalement, c'est peut être le résultat du dernier album, plus pop et accessible que les 2 premiers albums... 


Beaucoup étaient également venus pour voir The Pretty Reckless assurer la première partie. Une première partie qui a duré une bonne quarantaine de minutes, où le groupe emmené par Taylor Momsen, nous a fait découvrir les nouveaux morceaux de son album à paraître. Personnellement je trouve que le groupe parait artificiel, mais dégage une certaine énergie sur scène. Les balances étaient assez mal réglées, ce qui n'était pas forcément gagné pour chauffer le public du Zénith. On pourra regretter un jeu scénique enfermé dans les bons vieux clichés Sex, Drugs & Rock'n'Roll et le côté provocateur surjouée de Taylor - un comble pour une actrice de formation... Mais finalement, les compositions sont plutôt pas mal, même si encore une fois, c'est un ramassis de clichés pseudo-sataniques. 

A 20h30, vient l'heure des tant attendus Fall Out Boy. Le rideau tombe pour laisser un groupe encagoulé, petit clin d'oeil à leur clips. PUT ON YOUR WARPAINT ! Et on peut dire que c'était approprié, le Zénith n'était pas complet, pourtant la fosse était blindée. C'est à peine si on pouvait bouger dans les premiers rangs, tant les filles poussaient pour essayer de glaner quelques centimètres. Pour l'espace vital, on repassera... 


Un petit bémol également au niveau de la gestion du son, le micro de Patrick Stump étant mal régler au début, on n'entendait assez faiblement le chant - sans compter que les cris des groupies n'aidaient pas franchement. Ce ne sont tout de même pas ces inconvénients qui nous ont empêché de passer un moment génial (même si j'avoue, j'ai eu envie de couper des cheveux ET des têtes). La setlist était variée et tous les albums ont été balayés. Quel plaisir de retrouver des morceaux commeSugar, We're Going Down, Thks fr th Mmrs ou Saturday ! J'ai regretté l'absence de Sophomore Slump or the Comeback of the Year, que je trouve très adapté en live, et The Take Over, the Breaks Over. Mais bon, on ne peut pas caser l'intégralité de leur répertoire non plus, et 19 morceaux c'est déjà pas mal. Les jeux de lumière mettaient bien en valeur les musiciens et les morceaux. 


On peut souligner également une vraie cohésion sur scène, qui fait plaisir à voir surtout après un hiatus. Le groupe s'amusait visiblement entre eux, avec le public et sur scène et nous en a bien fait profiter. Petite attention également avec une petite scène installée au fond de la fosse, au pied des gradins où I'm Like a Lawyer with the Way I'm Always Trying to Get You Off (Me & You) et Nobody Puts Baby in the Corner ont été joués en acoustique. Séquence émotions magnifiée par les ballons géants qui rebondissaient sur la foule et l'éclairage doux comme un rayon de soleil qui transperce un nuage. 




Au match du meilleur concert de la semaine, Bastille l'emporte de peu sur Fall Out Boy. Un choix largement favorisé par la taille de la salle et le public qui peut s'avérer récalcitrant. 
Finalement, Fall Out Boy aurait été parfait si les collège/lycées imposaient des cours du soir. Avis au Ministère de l'Education !


mardi 11 mars 2014

Let's March Down to a Month full of Gigs [Part 1] : Bastille + Grizfolk @ Casino de Paris

Bon voilà, le dernier article date de... 2 ans. Le manque de temps et d'envie m'ayant fait quelque peu délaisser ce blog. Comparons cela à un temps de jachère. Du repos pour une meilleure récolte ? Espérons. 
C'est donc mon envie de partager mes impressions sur mon dernier concert qui me fait écrire ces quelques lignes, sous l'impulsion de l'excitation, l'émerveillement et l'étonnement. 

Mettons les choses au point : en deux ans, bien des choses ont évolués. De mes goûts musicaux qui se sont élargis toujours plus, à mes lubies musicales qui se sont longuement attardées sur l'électro/chillwave. Mais avouons-le, mes premières amours restent le pop/rock (dans son acception globale). 

J'ai déjà eu l'occasion de voir Bastille en live à deux reprises, toujours dans le cadre de scènes partagées. Cet été, le Festival Soir d'Eté, organisé par Ouï FM et la Mairie du 3e, avait réveillé la fraîchement rénovée Place de la République. Bastille était programmé en tête d'affiche de cet open-air gratuit, et suivait Grandville & Naive New Beaters. Leur prestation avait fait danser la place et a fini en apothéose sur à la nuit tombante sur un  enchaînement Of the Night / Pompeii accompagné d'une pluie de confettis. 
Et puis, j'ai assisté au NRJ Music Tour à l'Olympia, le mois dernier. Autant dire que j'y allais essentiellement pour Bastille et... que je me suis retrouvée frustrée par un live composé de 3 chansons, scène partagée oblige. 
J'avais donc très envie d'assister à un concert de ce groupe. Pourtant, c'était mal parti, le show étant sold-out et sans un coup de pouce de So Music... 

18h, arrivée au Casino de Paris après une journée de cours, et un crochet par une exposition. Une queue de 3 rues de long nous attends. Un public cosmopolite aussi : un groupe d'allemands derrière, beaucoup d'anglais, des australiens... 


Finalement entrée dans la salle, et début de la première partie. De mes révélations scéniques de l'année, Grizfolk vient sans doute se classer juste après Slow Magic. J'avais écouté quelques morceaux de From The Spark (EP). On pourrait décrire ça comme de la folk pêchue, du Mumford & Sons qui rencontre Two Doors Cinema Club, mêlées à des sonorités Nashvilliennes. Bon après une petite discussion avec le groupe, il s'avère finalement, qu'il sont originaires de Los Angeles, et que le bassiste et le claviériste sont Suédois. 
J'ai été très agréablement surprise par leur prestation. Dès Waiting for You, le premier morceau, ils sont parvenus à motiver l'ensemble de la fosse sur de la folk électrisée et joyeuse. Le live apporte une dimension et une énergie nouvelle aux morceaux. Bref, un groupe à suivre, qui on l'espère reviendra bientôt, en tête d'affiche. 

Passons aux choses sérieuses : BΔSTILLE. Comme résumer ça... La salle, chauffée à bloc par Grizfolk, a explosée sous l'impulsion des Londoniens. Une entrée sur Bad Blood lancée par la voix plus que maîtrisée de Dan. Un live porté par l'énergie des musiciens, et augmenté par les installations vidéo (Hello la caméra qui filme le public en direct !). Une proximité avec le public tout au long du concert, facilitée par la taille moyenne de la salle : Un Icarus mené par un Dan perché sur les enceintes et touchant les personnes du balcon. Icarus is flying to close to the sun. Dan perdu dans la fosse durant Flaws. Dig them out, Let's finish what we started. Dig them out so nothing left undone. Un groupe réunit sur le devant de la scène, visiblement heureux d'être là. Et une belle surprise avec la découverte de Blame, leur nouveau morceau.  C'est donc après une succession de 17 morceaux que s'achève cette nuit fantastique, en sueur, sous les cris de joie et les étoiles pleins les yeux. 


Oh I feel overjoyed.