dimanche 4 mai 2014

If You're Lonely Press PLAY, et laisse Damon Albarn te guider à travers Everyday Robots.


Everyday Robots nous transporte instantanément dans l'univers mélancoliquo-futuriste de Damon Albarn. Les premières notes ont sonné et le voyage est amorcé. Nous voilà donc plongés corps et âmes dans une ville déshumanisée et fantasmagorique. Les hommes ont été remplacés par des humanoïdes sensibles. Tel Alvar Nuñez Cabeza de Vaca, nous sommes coincés entre un passé pesant et un futur froid. "They didn't know where they was going but they knew where they was, wasn't it?" Nous ne sommes pas perdu. Au loin la voix de Damon Albarn nous guide comme un charmeur de serpent dans cette atmosphère désolée. Les notes d'un violon nous guide vers un chemin lancinant menant à Hostiles. Tout est silencieux, il semble qu'on ne soit plus que deux dans cet endroit austère mais lumineux. Et cette présence est rassurante, quoique quelque peu étouffante... La communication est presque coupée, elle passe mal. On n'est plus sur la même longueur d'ondes, les réglages sont à parfaire... 

[PRESS ]  


"When I'm lonely I press play. Can I get a little closer ?" Sur ces notes, l'arythmie est lancée mais tout va s'arranger. La basse se veut plus rassurante, le chant plus affirmé. La mer s'est calmée mais les irrégularités demeurent. Le bateau est lancé vers d'autres horizons, pourquoi pas les côtes Tanzaniennes ?  Nous y voilà Injili, voilà la comptine ukulélélesque de Mr. Tembo. Tout va mieux maintenant, les chœurs nous rassurent.  Mr. Tembo, l'éléphanteau orphelin a retrouvé le sourire, et nous l'optimisme. Parakeet parachève notre évasion à sauts de mouton. 

Retour au pays, le soleil de la Tanzanie est bien loin. Nous voilà assis au bar d'un hôtel au charme suranné, à siroter un Hemingway Spécial. Le pianiste nous livre ses envolées jazzy et nous guide, doucement mais sûrement, vers la maturité. Damon nous livre ses anciens démons, et nous confie ses craintes nappées dans un rhum cubain et une contre-basse chaleureuse. 
"I had a dream you were leaving, where every atom in the universes is passing through our lives."
Moko Jumbi nous a rejoint au bar, mais l'heure n'est pas à la fête. La mélancolie a pris le dessus. Comment en est-on arrivé là ? Toi qui irradie, et moi qui me renferme... "The twilight comes", la lune danse, éclaire tout sur son passage et "all goes round again". On ne sait pas comment tout ça finira, mais c'est apaisant. 

Hollow Ponds nous fait revenir en arrière. Londres, 1976, Souviens-toi la vague de chaleur.  Souviens toi l'été 1979 près de la Mer Noire. Souviens-toi comme tout s'est accélérée en 1991. 1993... "Modern Life was sprayed onto a wall."
Damon nous transporte dans son passé, et les étapes-clé de sa vie qui ont fait de lui cet artiste accompli. On ne pourra réprimer un sourire nostalgique à la référence faite à Blur



Seven High n'est pas le 7e ciel mais on en prend le chemin. Arrivés au Nirvana, autant prendre des photos. Mais attention : "This is a precious opportunity, beware of the photograph you are taking now." Immortaliser l'instant ce fait avec parcimonie, c'est tout un art. Sur l'autel, une photo de John Coltrane a remplacé les icônes. On imagine alors aisément que Damon Albarn conçoit sa musique à l'image de l'illustre jazzman : comme une quête spirituelle. On mêle donc photographie et composition musicale. Tout est question d'agencement, de réflexion. Du méta-textuel au métaphysique, il n'y a qu'un pas que franchit Photographs You Are Taking Now.  



The History of a Cheating Heart apparaît comme un morceau-rédemption. Le morceau se détache de l'album par sa simplicité, une guitare-voix fera l'affaire. On rajoutera des cordes pour la forme et le côté lyrique. Ici, il est question de se livrer de la manière la plus authentique possible. Les instruments  organiques l'importent alors sur les beats vaporeux et mécaniques. L'introduction d'Heavy Seas of Love concorde à cette atmosphère brillante et victorieuse. Ça sonne comme une prière énoncée par le chaman Brian Eno, qui viendrait réveiller l'âme perdue de l'humanoïde à coup d'un sample de réveil digital. Les chœurs s'agencent à la manière d'un gospel qui nous guiderait vers l'humanité. Le morceau se clôt sur le sample quasi-inaudible et déconstruit de Lord Buckley, utilisé à l'ouverture d'Everyday Robots. 

"They didn't know where they was going but they knew where they was, wasn't it?" 

La boucle est donc bouclée. Avec cet album magnifiquement produit et orchestré, Albarn nous a non seulement fait voyager, mais il nous aura donné une bonne leçon : La musique n'est rien si elle n'est pas pensée intelligemment. Les beats, c'est très beau, mais ça peut être très froid. On est peut-être des robots ordinaires, mais il ne tient qu'à nous de devenir des êtres extraordinaires. 

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